Une phase primordiale de la réussite des interventions

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La rééducation des ligamentoplasties du genou est une phase primordiale de la réussite de ces interventions. Les techniques chirurgicales actuel-les autorisent à court terme une reprise rapide des activités de la vie quotidienne, et permettent au long cours, le retour au niveau sportif antérieur.

Ces techniques permettent grâce au prélèvement d’un des propres tendons du patient, de recréer un LCA (ligament croisé antérieur), fixé dans des tunnels osseux, et suivant dans le genou le même trajet que le ligament d’origine (voir IM2S News n˚ 23). Le kinésithérapeute devra également adapter la rééducation en fonction du tendon utilisé pour la réparation du LCA.

Cette rééducation se décompose en trois phases principales :

  • la phase initiale : du 1er jour post-opératoire à la reprise des activités quotidiennes normales vers la 6ème semaine
  • la phase de préparation à l’activité sportive jusqu’au 4ème mois
  • la phase de réathlétisation jusqu’au 6 / 7ème mois

Phase initiale

Durant les 6 à 8 premières semaines, le kinésithérapeute doit s’atteler à récupérer certains fondamentaux : on pense bien entendu à la récupération des mouvements vers l’extension ou la flexion complètes. Conjointement, le genou doit « s’assécher », c’est-à-dire perdre l’excès de liquide (ou hydarthrose), réaction naturelle au geste chirurgical. La rééducation doit suivre l’évolution du genou et augmenter la charge de travail en même temps que le genou dégonfle.

L’extension doit être récupérée mais en tenant compte du fait qu’une sollicitation dans les amplitudes extrêmes (recurvatum) peut être nocive pour le transplant. Ceci dit un genou qui ne pourrait s’étendre complètement (flexum) serait très gênant pour une activité normale. Le kinésithérapeute doit travailler en ce sens en gardant à l’esprit la durée de consolidation des ancrages osseux du transplant (3 mois).

Bien sûr, le travail musculaire commence immédiatement. Le genou sera en sécurité non seulement par la stabilité retrouvée grâce au ligament reconstruit, mais aussi parce que le jeu des puissants muscles extenseur (Quadriceps) et fléchisseurs (Ischios-jambiers) aura retrouvé son intégrité.

La marche avec appui est sollicitée dès le lendemain de l’intervention avec l’aide d’une attelle et de cannes, abandonnées vers la 4ème semaine.

Durant cette période, la physiothérapie (utilisation d’agents physiques) est importante : glace, pressothérapie et déclive pour le gonflement, électrostimulation musculaire pour le début du travail actif, arthromoteur, pour la récupération des amplitudes articulaires.

Phase de préparation

Si l’on considère que le genou a bien évolué et qu’il a suffisamment dégonflé, alors un travail plus actif peut être entrepris. Le travail musculaire va être intensifié toujours en fonction du type de transplant utilisé : une ligamentoplastie utilisant les Ischios-jambiers muscles fléchisseurs (DIDT) permettra de solliciter plus rapidement les extenseurs (Quadriceps) et sera prudente sur le renforcement vers la flexion. Ce sera l’inverse pour une ligamentoplastie utilisant le tendon rotulien.

Conjointement, toutes les plasties, y compris celles utilisant le tractus ilio-tibial (Jaeger), ne doivent pas être sollicitées en pivot trop tôt avant la phase de solidité du transplant. On peut toutefois renforcer les groupes musculaires en privilégiant la « chaîne fermée », schématiquement en travaillant pied au sol. On utilise également progressivement des appareils de musculation ainsi que le vélo en salle, et on introduit des exercices dits proprioceptifs, c’est-à-dire faisant appel aux réactions d’équilibration, afin de remettre le genou en situation réelle. Tout ce travail reste dans l’axe. Dans le quatrième mois, un test isocinétique permettant de tester la force musculaire du genou notamment en le comparant au côté sain, permet de quantifier la progression, et la course dans l’axe est permise.

Phase de réathletisation

C’est le reconditionnement physique vers la reprise du port qui va donner les orientations de cette ultime étape. Si le genou ne montre plus de réactions inflammatoires en ayant bien supporté la progression précédente, alors tous les exercices sont augmentés en qualité et quantité. Le kinésithérapeute ne doit toutefois pas perdre de vue que la « ligamentisation » du transplant, c’est-à-dire sa transformation en nouveau ligament avec surtout de bonnes propriétés mécaniques, est un processus long qui n’est atteint que vers le 5ème mois. C’est pour cela que les sauts ou les changements de direction n’apparaissent que tardivement et qu’il n’est généralement envisagé une reprise du sport que vers le 6ème mois. Le programme de réathlétisation doit également être adapté au sport pratiqué et à ses spécificités: ski, football, rugby…

Conclusion

La rééducation des ligamentoplasties du ligament croisé antérieur du genou doit être adaptée au type d’intervention bien sûr, mais également s’ajuster en permanence à l’état de l’articulation. C’est un traitement de longue haleine puisque dépendant de la durée de cicatrisation du transplant. Le patient doit lui aussi être un acteur majeur. Sa participation et son respect de la progression sont indispensables à une bonne récupération.