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Propos recueillis auprès du Dr Patrick Coudert, Spécialiste en Médecine Physique, traumatologie du Sport et en échographie ostéo-articulaire (IM2S) mais également à la tête du service médical du Monte-Carlo Rolex Masters depuis plus de 30 ans.

Le Tennis Leg n’est pas la lésion dont on entend le plus souvent parler et pourtant il s’agit de la plus fréquente chez les joueurs de tennis de plus de quarante ans. Elle est localisée au niveau du mollet et survient lors d’une accélération brutale. « Le joueur a l’impression d’avoir reçu une balle de tennis, d’avoir été percuté par quelque chose au niveau du mollet. On peut entendre un craquement mais ce n’est pas systématique.

Mais pourquoi le Tennis Leg ?

Le tennis est un sport qui se pratique à tout âge. Cependant, au-delà de quarante ans, les facteurs de risques augmentent. La plupart du temps, le Tennis Leg résulte d’un mauvais échauffement qui, combiné à la fatigue, et souvent à des problèmes d’hydratation ou de surcharge métabolique, viennent perturber le muscle et facilitent cette lésion.

Cette lésion brutale concerne l’un des muscles constituant le galbe du mollet, le gastrocnémien médial (muscle jumeau). La particularité de ce muscle est d’être posé sur un gros ligament, l’aponévrose, qui le sépare du muscle soléaire. Au moment de la lésion, 3 cas de figure peuvent se présenter : soit seul le gastrocnémien médial se décolle, soit l’aponévrose se déchire en même temps, ou dans le pire des cas, une lésion dite en miroir se crée également au niveau du muscle soléaire.

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Image normale pour bien voir le muscle gastrocnémien médial (GM) qui colle au soléaire sur son aponévrose (enveloppe peri-musculaire)
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Une lésion grade 3 avec hématome s’interposant entre le GM (qui est décollé comme « un velcro » de l’aponévrose par un hématome
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Une vue panoramique du mollet qui montre l’étendue de la lésion sur l’ensemble de la jambe

Un seul mot d’ordre : du repos

Visuellement, cette lésion ne se voit pas mais elle est très douloureuse pour le joueur qui se met à boiter.

Un arrêt immédiat est vivement conseillé pour éviter toute aggravation de la lésion et minimiser le risque de formation d’un hématome qui retarderait le rétablissement. Malheureusement, certains joueurs sont tentés de continuer le match et ne se rendent compte des conséquences que le lendemain et le surlendemain lorsqu’ils viennent en consultation.

Un arrêt immédiat est vivement conseillé pour éviter toute aggravation de la lésion et minimiser le risque de formation d’un hématome qui retarderait le rétablissement.

Si un Tennis Leg est suspecté, l’arrêt de l’activité est donc fortement recommandé ainsi que l’apposition de glace et éventuellement l’utilisation d’une chaussette de contention. L’objectif est d’éviter l’apparition d’hématome puisqu’il serait alors nécessaire de ponctionner et d’aspirer le sang afin de permettre au muscle de se recoller et de cicatriser. Suivant la douleur, il est également possible d’utiliser des cannes anglaises pour ne pas forcer sur le muscle lésé.

Une échographie permettra d’évaluer la gravité de la lésion (grade) puis un contrôle à 15 jours permettra de vérifier si un hématome s’est formé. En fonction de la lésion, l’IRM pourra être prescrit pour donner une meilleure visibilité de l’étendue du traumatisme.Le temps d’arrêt de l’activité sportive sera défini en fonction du « grade » allant de 1 à 3 suivant la profondeur et la longueur du décollement. Il peut aller de 3 semaines (grade 1) à 3 mois (grade 3).

Lésion du muscle soléaire

Dans ce cas, la lésion est moins brutale et survient progressivement. Le joueur ressent alors une légère douleur, telle une crampe qui s’installe. On constate que les joueurs arrêtent rarement le jeu car ces signaux semblent bénins. Et pourtant, lorsque l’on ressent ce type de douleur lors de l’activité sportive, il est important de s’alerter car il s’agit d’une lésion plus profonde, du muscle soléaire. Les jours suivants la douleur se fait d’ailleurs plus vive.

Des lésions plus longues à cicatriser

Ces lésions sont plus graves et longues à cicatriser puisque l’arrêt du sportif varie de 1 à 3 mois avec risque de récidive. Des crampes à l’activité sportive peuvent également rester sur le long terme.

Cela s’explique notamment par la différence physiologique des muscles soléaire et gastrocnémien. Le premier se déchire d’un coup alors que le dernier s’effiloche, rendant la cicatrisation plus complexe et plus longue.

Certaines lésions importantes peuvent s’étendre à l’aponévrose qui constitue le tendon d’Achille. Il est donc important de ne pas prendre à la légère ce traumatisme. De petites crampes peuvent cacher un problème bien plus grave avec un risque potentiel de chirurgie secondaire en cas de rupture du tendon.

Le Tennis Elbow, une notoriété due bien plus à la complexité de prise en charge qu’à sa fréquence

Le Tennis Elbow, également appelé épicondylite est une pathologie touchant le coude. Il s’agit très souvent d’une technopathie puisque, dans le cadre de la pratique courante du tennis, cette blessure apparaît le plus souvent en raison d’un défaut technique sur le revers.

Cela concerne, entre autres, des personnes qui se mettraient un peu tard au tennis ou qui maîtrisent mal le revers à une main classique appris il y a quelques années. Le coude ne doit pas forcer. Si le geste est ample avec une technique utilisant l’ensemble du membre supérieur (et non uniquement le coude) avec une bonne amplitude, il y a peu de chance de se faire un Tennis Elbow. L’utilisation exagérée du « revers chopé » est une cause favorisante de cette pathologie.

A noter que le Tennis Elbow ne concerne pas que les personnes pratiquant le tennis. Cette pathologie peut effectivement se retrouver chez des personnes qui travaillent sur ordinateur ou pratiquent le jardinage. Les facteurs sont nombreux et la maladie longue à guérir.

Et chez les tennismen professionnels ?

Il est rare que les tennismen arrêtent leur carrière à cause de ces lésions. La maîtrise de la technique et le respect des échauffements bien conduits permettent de les limiter.

Chez les professionnels, on rencontre le plus fréquemment des pathologies du dos, des muscles de la cuisse, et des tendinites du genou (jumper knee) par surutilisation ou lors de glissades, ou encore de l’épaule en raison de l’augmentation de la puissance des raquettes et des frappes de balle.

Dr Patrick COUDERT

Médecin du Sport