Dès le début de l’épidémie de Covid 19, le nombre de patients nécessitant une hospitalisation que ce soit en soins intensifs ou en service de soins classiques a augmenté rapidement ce qui a causé dans certains pays une saturation soudaine et inattendue des hôpitaux et des systèmes de santé.

Les hôpitaux ont dû définir des protocoles et des trajets de soins, pour séparer les patients infectés et ceux qui ne l’étaient pas. Ceci permettait de garantir un diagnostic et une prise en charge thérapeutique sécurisée pour les patients et de limiter les risques de contamination du personnel de soins. La consigne relayée par les autorités était par ailleurs que toutes les activités chirurgicales non urgentes devaient être suspendues.

Les services de chirurgie rachidienne ont donc dû mettre en place un système de triage, divisant la pathologie rachidienne en pathologie élective, semi-urgente et urgente. Les pathologies électives, comme les déformations vertébrales ou les canaux lombaires et cervicaux étroits sans déficit neurologique, et les traitements chirurgicaux de la douleur chronique, ont presque systématiquement été reportés. Les pathologies semi-urgentes ont été évaluée au cas par cas, pour déterminer le meilleur timing pour l’intervention chirurgicale. Il s’agissait en général de fractures vertébrales progressives, de douleurs liées à une hernie discale cervicale ou lombaire, ou de myélopathie cervicale ou thoracique évoluant rapidement. Enfin, certaines pathologies ont continué à être opérées en urgence immédiate, comme les compressions aigues de la moelle épinière et des racines nerveuses sur infection, hématome, tumeur, fracture ou hernie discale, causant une paralysie rapidement progressive ou des douleurs incontrôlables médicalement.

À l’instar de nos confrères italiens, nous avons non seulement observé rapidement une chute importante dans la prise en charge des pathologies rachidiennes dégénératives, ce qui était logique puisqu’on conseillait de les reporter, mais en plus de cela, le confinement sembla également causer une réduction dans le nombre absolu de pathologies rachidiennes prises en charge, toutes causes confondues. La raison tient en une remise à plus tard par le patient, hors contrôle médical, des pathologies qu’il estimait non urgentes, et une préférence allant vers une prise en charge conservatrice ne nécessitant pas d’hospitalisation. Ajoutons enfin la forte diminution de toute la traumatologie liée au travail ou à la mobilité.

À la fin du confinement, la reprise d’activité s’est faite de manière extrêmement progressive, sans doute suite à une appréhension de la population à retourner dans un milieu médical. Ceci a conduit à une prise en charge des pathologies chirurgicales avec un délai inhabituellement long. Ceci aura peut-être des conséquences en terme de récupération de ces pathologies qui traitées tardivement, pourraient engendrer une récupération incomplète.

Actuellement, nous ne sommes pas encore revenus à une situation tout à fait normale. Nous sommes probablement encore en train d’accueillir progressivement une partie des patients qui n’ont pas été traités durant le confinement. L’appréhension à aller physiquement en milieu hospitalier reste présente, entretenue par une médiatisation inédite de la pandémie. Enfin, il est vraisemblable que nous allions vers une expression différente de la douleur des pathologies rachidiennes, à mettre en relation avec un stress de la population nettement plus important qu’à l’accoutumée, lié à la fois par la crainte d’une infection par la Covid, mais aussi aux conséquences des mesures prises de par le monde pour les éviter.

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Dr Patrick FRANSEN

Chirurgie du rachis - Neurochirurgien
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Dr Jean TAYLOR

Chirurgie du rachis
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