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(Crédit photo Unsplash)

L’IM2S doit sceller un partenariat avec le Boxing Squad, la signature a été repoussée à cause du confinement mais sera reprogrammée dès que possible.

Cette discipline, à la croisée de plusieurs arts martiaux, peut être dangereuse si elle n’est pas pratiquée avec des professionnels. Le Dr Julien Brizi, médecin du sport, décrypte.

MMA: trois lettres pour une discipline encore très mal connue.

Le MMA, littéralement Mixed Martial Arts, est en réalité un sport de combat qui combine des techniques de plusieurs arts, de la boxe, au jiu-jitsu brésilien en passant par la lutte.

Depuis janvier, la compétition est autorisée; jusque-là, seuls les entraînements l’étaient. De ce fait, il n’y a pas encore beaucoup de clubs dédiés à ce sport dans l’Hexagone.

L’un des meilleurs est situé à Nice, le Boxing Squad, piloté par Aldric Cassata, également coach de l’équipe de France de MMA. C’est là que s’entraînent les champions Axel Sola, Manon Fiorot et Yliès Djiroun, connus dans le milieu à l’internationale.

Et dans le staff encadrant figure le Dr Julien Brizi, pratiquant, responsable de la section grappling jiu-jitsu brésilien, mais aussi et surtout médecin du sport à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport).

Autant dire qu’il suit de près la santé des combattants, exposés à certains traumatismes spécifiques.

Pour les limiter, « le sportif dispose d’équipements de protection. Toutefois, lors d’un combat, on ne porte que des mitaines, un protège-dents et une coquille ; alors qu’à l’entraînement, on met des gants de boxe, des protège-tibias voire des casques ».

Car le MMA est une discipline complète dans laquelle le pratiquant utilise autant ses bras que ses jambes, lutte debout ou au sol. Cela signifie que les amateurs qui seraient mal conseillés s’exposent à des blessures qui peuvent être importantes, ne serait-ce qu’à cause d’un équipement mal adapté.

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Le Dr Julien Brizi et Aldric Cassata. Photo DR

Accumulation de micro-traumatismes

L’objectif de l’entraîneur et plus globalement des clubs sportifs est de permettre à une personne de pratiquer en toute sécurité.

Il ne s’agit pas de self-défense à proprement parler, ou d’apprendre à riposter à une attaque dans la rue. Le but du MMA est de remporter la victoire sur son adversaire en enchaînant les techniques des disciplines affiliées – même si évidemment, les réflexes ne s’envolent pas une fois quittée la surface de combat.

Mais malgré toutes les précautions, un pratiquant n’est jamais à l’abri de se faire mal. « Les blessures les plus fréquentes – hématomes, plaies cutanées, contusions – sont bénignes. Elles sont liées à la répétition des impacts », résume le Dr Brizi.

« C’est l’accumulation de microtraumatismes qui peut conduire à une blessure. Pendant un combat lorsqu’on ne porte que des mitaines, les doigts sont exposés et on risque contusion, entorse, luxation voire fracture. »

« La traumatologie articulaire – sur le haut comme sur le bas du corps – est beaucoup liée aux mouvements de finalisation type clé de bras ou de jambes dont l’objectif est de soumettre l’adversaire (le moment où il tape sur le sol pour signifier qu’il s’avoue vaincu pour le round, Ndlr). »

« Mais contre toute attente, toutes ces blessures sont globalement le fait du combattant lui-même. Si on gère mal son effort ou si on ne sait pas s’arrêter à temps, on s’expose à des blessures plus graves. »

« Il faut garder à l’esprit que le MMA reste un sport de combat. Il existe des blessures plus sévères avec des chocs à haute cinétique mais qui sont peu fréquentes. Il y a moins de coups portés au visage que dans d’autres disciplines, le risque de dommage cérébral est donc moindre. »

Se blesser en donnant un coup de pied

Les membres inférieurs sont eux aussi sujets à des dommages. Un coup de pied peut blesser, celui qui le donne comme celui qui le reçoit d’ailleurs. Là encore, les professionnels connaissent les limites à ne pas franchir.

Avec l’autorisation de la compétition, il est possible que des clubs de MMA se créent dans le territoire. Une bonne nouvelle pour ceux qui s’intéressent à cette discipline parce qu’il est indispensable de se former avec des spécialistes.

Sans quoi, c’est la blessure assurée.

Une discipline encadrée

« Le MMA est un sport de combat, le risque traumatique est avéré. C’est la raison pour laquelle il faut pratiquer avec des professionnels compétents, coach, préparateur physique, sans quoi on risque de se faire très mal », insiste le Dr Brizi.

« Le rôle des entraînements est aussi d’apprendre à encaisser les frappes, à absorber les coups et à chuter par le biais d’exercices de renforcement. Dans un club comme le Boxing Squad, on apprend à frapper… et à s’arrêter. A l’entraînement, lorsqu’une position est prise, on va stopper plutôt que résister. Les pros savent bien qu’il vaut mieux accepter la défaite que de se blesser et donc de ne plus pouvoir combattre pendant un moment. »

Le médecin est attentif à la santé des pratiquants mais aussi à la réputation du MMA. « Il s’agit d’un art martial. Les entraînements et les combats sont structurés: le règlement a été modifié pour préserver l’intégrité des combattants en interdisant certains coups dangereux. Le problème c’est que les combats clandestins viennent jeter le discrédit sur notre pratique ce qui peut donner une mauvaise image. Pourtant lorsque le MMA est pratiqué dans le respect des règles, les risques de blessures sont maîtrisés. »

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Dr Julien BRIZI

Médecin
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