AFF-EPU-juin-2023-

Conférence Médicale
du mercredi 7 juin 2023

Traumatisme des doigts chez les pratiquants d’arts martiaux :
pathologies chez le judoka, jujitsuka, lutteur

En France, on compte plus de 380.000 licenciés en judo-jujitsu et disciplines associées, soit la 6ème discipline la plus pratiquée. Les traumatismes des doigts représentent 10% des accidents survenant notamment lors des saisies du kimono appelé le Kumi Kata. On peut comprendre la fréquence de ces traumatismes et leur sévérité car c’est cette saisie du kimono qui va permettre la transmission des forces pour projeter l’adversaire.

Traumatismes

Parmi les traumatismes digitaux, on retrouve par ordre de fréquence : l’entorse de l’inter-phalangienne proximale, la luxation de l’inter-phalangienne proximale, l’entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce, les fractures et fractures-luxations et enfin le Jersey finger (ou désinsertion du fléchisseur profond).

Les traumatismes de l’IPP

L’entorse de l’IPP (inter-phalangienne proximale)

Il s’agit d’un étirement ligamentaire (ligament collatéral radial, ligament collatéral ulnaire, plaque palmaire) pouvant aller jusqu’à la rupture. Les symptômes sont l’œdème et l’ecchymose, la douleur sur le trajet ligamentaire et parfois la laxité dans les entorses graves. Le bilan radiographique permet de rechercher une fracture associée. L’échographie permet de rechercher une rupture ligamentaire en cas de doute sur une laxité.

StadeStabilité à la
mobilisation active
Laxité
1OUINON
2OUI<20°
3NON>20°
Lésions des doigts chez les pratiquants de sports de combat : Judo, Lutte, Jujitsu

Le Dr Julien BRIZI fait une démonstration d'une saisie de kimono

Lésions des doigts chez les pratiquants de sports de combat : Judo, Lutte, Jujitsu
Lésions des doigts chez les pratiquants de sports de combat : Judo, Lutte, Jujitsu

Exemples d'orthèses orthopédiques

Traitement des entorses

Les entorses de stade 1 doivent être mobilisées précocement au risque d’un enraidissement qui peut s’avérer définitif. La mobilisation doit être protégée par une syndactylie pour une durée de 2 semaines.

Les entorses de stade 2, malgré la rupture ligamentaire, nécessite une mobilisation précoce sous couvert d’une syndactylie ou d’une attelle IPP-stop en cas de laxité antéro-postérieure. Une attelle digitale nocturne permet d’éviter l’enraidissement avec flessum séquellaire. En cas d’arrachement osseux antérieur, les contrôles radiographiques s’avèrent inutiles car ces fragments ne consolident pour la plupart pas (pseudarthrose).

Les entorses de stade 3 engendrant une laxité et une instabilité articulaire nécessitent un traitement chirurgical pour réinsérer le ou les ligaments rompus.

La luxation de l’IPP

Il s’agit de la perte de la congruence articulaire par l’étirement et la rupture ligamentaire. La luxation peut être dorsale (la plus fréquente), palmaire ou latérale. Elle peut parfois engendrer une plaie qui risque d’infecter l’articulation (luxation ouverte). Une radiographie permet de rechercher une fracture associée.

La luxation antérieure de l’IPP : Nous insistons sur le risque de rupture de la bandelette médiane de l’appareil extenseur suite à cette luxation. Sa méconnaissance a pour conséquence une déformation en boutonnière et une raideur du doigt. L’importance est de réaliser un testing de cette bandelette médiane : réalisation d’une extension contre résistance et réalisation d’un test d’Elson.

Traitement des luxations

Les luxations se traitent la plupart du temps par une réduction orthopédique. Le traitement sera ensuite celui d’une entorse de stade 2.

En cas d’instabilité, le traitement chirurgical est nécessaire pour la réduction, parfois la désincarcération ligamentaire et la réinsertion ligamentaire. En cas de rupture de la bandelette médiane, celle-ci sera suturée ou réinsérée par une ancre sur la deuxième phalange.  En cas d’instabilité persistante, une broche bloquant l’articulation (arthrorise) peut parfois être nécessaire. Enfin, en cas de luxation ouverte, le traitement est systématiquement chirurgical pour procéder à un lavage articulaire (risque infectieux).

Fracture-arrachement osseux

La radiographie permet d’en faire le diagnostic et le type de fracture conditionnera le traitement. Lorsque le fragment est palmaire et de petit taille, le traitement sera celui d’une entorse. Lorsque le fragment intéresse plus du tiers de la surface de la base de la deuxième phalange ou si le fragment intéresse la tête de la première phalange, la stabilité articulaire est compromise ; dans ce cas, le traitement sera chirurgical.

Traitement des fractures-luxations

Le traitement est systématiquement chirurgical pour réaliser la fixation (ostéosynthèse) des fragments.

L’entorse de la métacarpo-phalangienne du pouce

Il s’agit d’un étirement du ligament collatéral du pouce allant parfois jusqu’à la rupture suite à une abduction forcée du pouce. Devant des douleurs du bord ulnaire de la métacarpo-phalangienne (MCP), une radiographie et un testing articulaire à la recherche d’une laxité sont nécessaires afin de ne pas méconnaitre une lésion de Stener qui sera confirmée par une échographie. La lésion de Stener est caractérisée par la rétraction du ligament collatéral ulnaire et l’interposition entre les deux moignons de l’expansion tendineuse de l’adducteur du pouce.

Traitement des entorses de la MCP du pouce

Dans le cas d’une entorse bénigne, la MCP est immobilisée pendant 3 semaines. En cas d’entorse grave, une intervention chirurgicale permet de suturer ou de réinsérer le ligament à l’aide d’une ancre. En cas de lésion de Stener, la réinsertion chirurgicale doit être réalisée rapidement car au-delà de 3 semaines, il n’est plus possible de réinsérer le ligament et dans ce cas, une reconstruction ligamentaire (ligamentoplastie) doit être réalisée.

Le Jersey finger

Plus rare, il s’agit d’une désinsertion du tendon fléchisseur profond sur la base de la 3ème phalange. Le diagnostic est souvent réalisé tardivement. L’examen clinique associé à une radiographie, une échographie et parfois une IRM permet d’en faire le diagnostic. La prise en charge est systématiquement chirurgicale et doit être la plus précoce possible.

epu-7-06-2023

Les complications après traumatismes des doigts du judoka

Suite aux microtraumatismes à répétitions et aux traumatismes multiples, il n’est pas rare de rencontrer des mains dites « noueuses » : épaississements articulaires et raideur des doigts.

La prévention

La prévention est importante afin de limiter les traumatismes : échauffement, étirements, renforcement musculaire, bonne condition physique, nutrition et hydratation… Une attention est portée sur le surentrainement et le retour précoce après une blessure.

Fiche infos

Dr Julien BRIZI

Médecin
Fiche infos
Fiche infos

Dr Valérie MATTER-PARRAT

Chirurgien orthopédiste

main – poignet

Fiche infos
Fiche infos

Dr Bruno LUSSIEZ

Chirurgien orthopédiste

main – poignet

Fiche infos

Youssef TAOUIL

orthopédiste-orthésiste