Article publié en novembre 2020 dans Nice Matin

(Crédit photo IM2S)

Il arrive que cette articulation soit sujette à l’arthrose, engendrant des douleurs et des déformations. Parmi les traitements possibles, la pose d’implants spécifiques;

des difficultés pour se chausser, des mouvements entravés… L’arthrose du gros orteil peut engendrer des conséquences particulièrement désagréables.

L’hallux rigidus, c’est ainsi qu’il se nomme, est lié à une augmentation du volume dans l’articulation : les lésions cartilagineuses vont provoquer des ostéophytes appelés aussi « becs de perroquets » qui sont des productions osseuses. Les patients peuvent soulager les douleurs par des moyens simples : adaptation du chaussage (pour être plus au large), port de semelles orthopédiques, prise d’anti-inflammatoires. Souvent cela suffit… mais pas toujours. S’il persiste malgré ces mesures des douleurs et un handicap, des solutions chirurgicales existent pour améliorer les symptômes.

Les Drs Michel Maestro et Martin Schramm, chirurgiens orthopédistes à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport), proposent – lorsque l’indication s’y prête – la pose d’implants ou prothèses en pyrocarbone. Pour mesurer l’intérêt de ce traitement, il faut d’abord comprendre les mécanismes de la pathologie. « La plupart du temps, l’hallux rigidus est dû à un traumatisme, typiquement la chute d’un objet lourd sur le pied, générant des douleurs importantes, mais qui s’estompent en quelques jours. C’est seulement des années plus tard que le patient ressent une raideur douloureuse au niveau du gros orteil. À l’interrogatoire, il ne se souvient pas toujours de cet incident tant il est fréquent que l’on se cogne le pied ou que l’on se blesse, note le Dr Schramm. Et on consulte rarement pour ce motif puisque cela, ça guérit tout seul… Sauf qu’il y a parfois des dégâts cartilagineux, qui n’apparaîtront que plus tard. »

Microtraumatismes à répétition

Parmi les autres causes possibles : la répétition de microtraumatismes, liés notamment à la pratique d’un sport. « Ce cas de figure se présente en particulier avec des personnes qui ont un long gros orteil – c’est le pied égyptien. Ici, c’est l’accumulation de petits chocs qui va endommager l’articulation. »

La gêne associée à cette pathologie dépend de chaque individu : certains s’en accommodent tandis que d’autres sont très gênés. L’articulation du gros orteil étant gonflée, elle est raide et ça frotte dans la chaussure. En réalité c’est parce que l’os a poussé, diminuant la mobilité. Et s’il a poussé c’est parce que le cartilage s’étant abîmé, la pression a augmenté sur l’os qui, mécaniquement, grandit pour mieux répartir la pression sans son amortisseur qu’est le cartilage. Un processus qui se met en place sur plusieurs années.

La prise en charge va finalement dépendre de la plainte du patient. « Quand la douleur est due aux reliefs osseux, on peut réséquer la couronne d’os qui a poussé pour supprimer le conflit (la cheilectomie)», expliquent les spécialistes.

Implant et reprise de la marche

En somme, ils viennent supprimer ce qui fait mal tout en prenant garde à ce que l’enroulement de la phalange sur la tête métatarsienne se fasse correctement (pour que le pied puisse se dérouler normalement à la marche).

Lorsqu’il y a des douleurs articulaires, plusieurs traitements sont possibles. Le premier c’est de raccourcir un peu le métatarse pour décomprimer l’articulation. Cela implique que le gros orteil soit assez long sinon cela risquerait de déporter les douleurs sur les autres orteils. La deuxième option consiste à poser un implant sphérique en pyrocarbone. Le Dr Maestro qui réalise cette intervention depuis une dizaine d’années a constaté de très bons résultats. « Cela permet de garder la mobilité, les patients peuvent remarcher immédiatement. Ce qui n’est pas le cas de l’arthrodèse, le troisième traitement qui consiste cette fois à immobiliser l’articulation (avec des vis, des tuteurs en titane, des agrafes ou des plaques), commente le Dr Schramm. L’arthrodèse est la technique la plus répandue dans le traitement chirurgical de l’hallux rigidus. Toutefois, il faut savoir que la marche n’est pas possible avant la consolidation de l’os soit 6 semaines ; et cela peut engendrer douleurs et lésions arthrosiques sur les articulations voisines. » Quoi qu’il en soit, le choix est systématiquement opéré par le patient après discussion avec les médecins.

Traitement personnalisé

Le choix du traitement est lié d’une part à la nature et au stade évolutif de la lésion ; d’autre part à la personnalité et au mode de vie du patient.

« Par exemple, si on choisit l’arthrodèse, son articulation ne sera plus mobile. Or tout le monde ne marche pas de la même manière et on ne se chausse pas non plus de la même façon donc si certains vont bien s’habituer, pour d’autres, le déroulement du pas pourra être perturbé et être entravés dans la pratique de certaines activités, explique le Dr Schramm. Cela montre donc à quel point nous devons prendre en compte le patient, ses habitudes, ses loisirs aussi. S’il s’agit de quelqu’un de sportif (et en fonction de son activité), on penchera alors plutôt pour la prothèse afin de garder de la mobilité. Idem pour une femme qui souhaiterait pouvoir porter de petits talons. D’où le fait que le médecin va prendre le temps d’interroger la personne pour identifier ce qui lui conviendrait le mieux et lui laisser le choix entre prothèse et arthrodèse. »

Axelle TRUQUET

Nice Matin
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Dr Martin SCHRAMM

Chirurgien orthopédiste

cheville – pied – hanche – coude

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Dr Michel MAESTRO

Chirurgien orthopédiste

pied – cheville

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