En chirurgie, les évolutions techniques se font vers la miniaturisation des implants et l’hyperspécialisation. Il est parfois possible voir nécessaire d’utiliser certaines techniques ou matériel dédiés à une articulation, pour traiter des indications plus rares ou présentant des difficultés particulières sur une autre articulation.
La fracture de l’épine tibiale antérieure (ETA) (fracture du genou) en est un exemple : fracture à la fois articulaire et ligamentaire, peu fréquente, généralement déplacée et comminutive (parcellaire). Sa réinsertion chirurgicale doit être très rigoureuse pour être efficace et « sauver » le LCA (ligament croisé antérieur ou « ligament du footballeur ») qui s’y trouve inséré, alors qu’elle est difficile d’accès de par sa localisation (au centre du genou) et son sens de déplacement (recul et ascension de l’ETA).
Les techniques conventionnelles ont pour inconvénients :
La solution proposée, est arthroscopique (par caméra), avec une réinsertion par ancres dites « à bascule » issues de la répartition de la coiffe des rotateurs (puissants tendons de l’articulation de l’épaule) et à l’utilisation parfaitement rodée et éprouvée.
Ce système de réinsertion est constitué d’un fils en kevlar passé au travers du pied du LCA, puis au travers de 2 micro-tunnels trans-osseux débouchant de part et d’autre de l’ETA, pour être finalement puissamment amarré sur une ancre en titane extra-articulaire, introduite à la face antérieure du tibia (système hauban). Aucun matériel métallique n’est ainsi présent dans l’articulation, aucune ablation n’est donc à prévoir. Surtout, la réinsertion se fait dans l’axe du LCA, permettant une réduction anatomique de l’ETA et une remise en tension du ligament optimum. La rééducation peut ainsi être immédiate par ce mode de fixation anatomique, puissant et sans risque de conflit.
De telles procédures sont hautement spécialisées mais indispensables à connaître et maîtriser, car au final simples, reproductibles, efficaces et garantes d’un résultat anatomique et fonctionnel de qualité. Le bilan est radiographique (mettant en évidence la fracture de l’ETA déplacée sous l’action du LCA), complété par un scanner pour parfaitement visualiser la fracture (traits de fracture, taille, nombre et déplacement) et une I.R.M. recherchant d’éventuelles lésions associées (cartilage, ménisque, ligaments…).