Ne pas confondre hallux valgus et hallux rigidus. Si le premier, cette déformation du gros orteil communément appelée « oignon », est bien connu, le second l’est moins et pourtant il est tout aussi handicapant et douloureux (voire davantage) et presque plus fréquent. Quels sont les traitements possibles ?

L’hallux rigidus est en fait l’arthrose douloureuse du gros orteil qui finit par entraver son mouvement avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour la marche, la course, le saut et même, comme l’explique le docteur Michel Maestro à l’IM2S, pour s’accroupir, sans oublier les difficultés pour se chausser. Il faut savoir, en effet, que l’articulation augmente de volume en raison de l’apparition de formations osseuses (ostéophytes).

Que faire ?

L’une des solutions préconisées a longtemps été de porter des chaussures larges à semelles rigides tout en prenant des anti-inflammatoires, des antalgiques ou en réalisant des infiltrations intra-articulaires voire en faisant appel à un kinésithérapeute. Parfois, l’articulation s’ankylose et, pour cette raison, la douleur diminue mais la mobilité et les capacités fonctionnelles restent affectées.

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L’implant pyrocarbone prêt à être positionné dans sa logette
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Le centre de la sphère doit être parfaitement au niveau du centre de l’articulation

La chirurgie

Au bout de quelques mois ou quelques années, le traitement chirurgical apparaît souvent comme une nécessité. Le docteur Maestro, chirurgien spécialiste du pied et de la cheville cheville, souligne qu’il y a plusieurs méthodes. Dans des stades très avancés, lorsque le cartilage est détruit et que la moindre mobilité devient très douloureuse, on peut procéder à un blocage articulaire, l’arthrodèse. Cette solution supprime la douleur et permet de récupérer une marche quasi normale et de se chausser sans difficultés sauf avec des talons hauts. En revanche, est exclue la pratique de certains sports. Toutefois, l’arthrodèse impose la mise en place de matériel d’ostéosynthèse, de se déplacer avec une canne pendant cinq semaines… en outre, des complications peuvent intervenir.

Si l’articulation peut être conservée, il est alors possible de pratiquer un nettoyage articulaire associé à des ostéotomies (c’est-à-dire des coupes et un repositionnement des os). On gagne ainsi 10 à 15 ans sachant qu’avec la progression de l’arthrose, l’arthrodèse ou une arthroplastie prothétique deviendront à terme indispensables.

Quelles prothèses ?

Que placer dans cette dernière hypothèse comme prothèse articulaire ? Plusieurs possibilités : des implants en silicones généralement réservés aux sujets âgés pas très actifs ; des prothèses métalliques utilisant du polyéthylène ou en céramique mais ces matériaux ne sont pas vraiment la solution idéale, selon le docteur Maestro. Ce spécialiste leur préfère le pyrocarbone. Utilisée dans les valves cardiaques, la chirurgie du poignet et de la main depuis de nombreuses années, le pyrocarbone est parfaitement biocompatible avec le sang, l’os et le cartilage et on n’observe ni usure, ni attaque de l’os. Dès les années 1990, il avait été utilisé sans succès aux États-Unis mais on recherchait alors, commente Michel Maestro, un ancrage osseux qu’il ne peut pas réaliser.

Ensuite, un nouveau concept d’interfaçage sans recherche d’un tel ancrage a permis de le placer à nouveau dans l’ensemble des arthroplasties de l’avant pied il y a environ sept ans. Lorsque le graphite qui est du carbone cristallisé (mine de crayon) est chauffé à 1 700°C, à sa surface apparaît un très fin dépôt de carbone pyrolytique ou pyrocarbone qui est invisible à la radiographie et présente en plus des propriétés évoquées une élasticité équivalente à celle de l’os cortical et il est pratiquement inusable. Comme indiqué sur la photo, on place l’implant sphérique dans la cavité osseuse confectionné par fraisage en bonne position. En réalité, si certains matériaux sont utilisés pour la hanche ou le genou avec succès, ils ne donnent pas de bons résultats pour les extrémités d’où l’intérêt du pyrocarbone.

A l’IM2S, plus d’une soixantaine de patients ont bénéficié de la pose d’implants sphériques en pyrocarbone de ce type (cf photos) ces dernières années. Les résultats sont, indique le docteur Maestro, très satisfaisants, qu’il s’agisse de la réduction de la douleur, de la mobilité, du chaussage, de la qualité de vie en général. De plus, comme le capital osseux est préservé, une chirurgie dite de révision peut être envisagée ultérieurement si nécessaire. Plus généralement, le patient garde une mobilité articulaire de l’orteil et peut surtout marcher immédiatement sans canne. Le docteur Michel Maestro semble donc persuadé qu’à tous égards, la sphère en pyrocarbone constitue une solution optimale dans la plupart des cas.

Fiche infos

Dr Michel MAESTRO

Chirurgien orthopédiste

pied – cheville

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