La tendinite de De Quervain : qu’est-ce que c’est ?

La tendinite de De Quervain est une inflammation des tendons du court extenseur du pouce et du long abducteur du pouce.

Ces deux tendons permettent l’extension du pouce. Ils cheminent le long du radius et, proche du poignet, dans un tunnel formé par une membrane (le rétinaculum des extenseurs) (cf schéma 1).

Lors des mouvements répétés, les tendons frottent dans ce tunnel et s’inflamment (cf schéma 2).

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Schéma 1 – Anatomie
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Schéma 2 – Tendinite de De Quervain : inflammation du 1er compartiment des extenseur

Symptômes

La douleur est habituellement présente lors des mouvements. Lorsque l’inflammation est importante, les douleurs peuvent survenir la nuit ou en permanence.

La douleur est localisée sur le bord du poignet dans le prolongement du pouce.

Diagnostic

Le diagnostic de la tendinite de De Quervain est établi grâce à l’interrogatoire du patient et à l’examen clinique. Des manœuvres réalisées par le médecin peuvent déclencher des douleurs caractéristiques de la tendinite de De Quervain (test de Finkelstein, test de Brunelli, WHAT test).

Le diagnostic sera confirmé par des examens complémentaires. La radiographie du poignet permet de rechercher une des causes de la tendinite : calcification, éperon osseux, ancienne fracture du radius (cal vicieux). L’échographie va permettre de visualiser l’inflammation des tendons et l’épaississement du tunnel (rétinaculum des extenseurs).

Traitement médical

Le traitement médical est indiqué en première intention.

1 – Supprimer la cause :

Il faut rechercher un facteur favorisant la tendinite : par exemple des gestes répétés, une mauvaise posture, … Il convient d’éviter ces gestes ou de les modifier pour éviter l’aggravation de l’inflammation. Le repos sportif est aussi nécessaire.

2 – Traiter les douleurs :

Une orthèse immobilisant le poignet et le pouce est à porter pendant un minimum de 3 semaines afin d’évaluer son efficacité. Un traitement anti-inflammatoire (AINS) peut être prescrit sur une courte durée et en l’absence de contre-indications. La rééducation par un kinésithérapeute est basée sur la physiothérapie (massage, cryothérapie, ultra-sons, …) et sur le rééquilibrage des chaines musculaires ainsi qu’une éducation posturale.

3 – Infiltration

En cas d’échec, une infiltration locale de corticoïdes peut être réalisée pour diminuer l’inflammation des tendons. Objectif de faire régresser l’inflammation des tendons fléchisseurs. Toutefois, cette infiltration ne peut être efficace que temporairement et l’inflammation peut persister ou récidiver.

Traitement chirurgical

En cas d’échec du traitement médical ou lorsqu’un conflit avec l’os est retrouvé sur les radiographies, le traitement chirurgical est indiqué.

Il consiste à libérer les tendons en sectionnant le tunnel (le rétinaculum des extenseurs) et à retirer l’inflammation des tendons. Cette intervention est réalisée sous anesthésie loco-régionale, de manière ambulatoire (cf schéma 3).

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Schéma 3 – Traitement chirurgical de la tendinite de De Quervain

Suites post-opératoires

  • Le pansement est à changer 3 fois par semaine par un(e) infirmier(ère) et les fils seront retirés entre le 15ème jour et le 18ème jour post-opératoire.

  • Le port d’une orthèse est possible uniquement en cas de douleurs post-opératoires.

  • Il est recommandé de mobiliser le pouce et le poignet pour éviter un enraidissement.

  • Un nerf (le nerf radial) chemine le long de tunnel juste sous la peau (cf schéma 1). Il est possible d’avoir quelques troubles de la sensibilité (diminution de la sensibilité, fourmillements) sur le dos du pouce pendant quelques jours à quelques semaines post-opératoires.

Complications possibles

  • enraidissement du poignet et du pouce : possible et transitoire. L’enraidissement du poignet et du pouce peuvent être évités si la main est mobilisée. La main pourra être utilisée dès le lendemain de l’opération tout en veillant à ne pas mouiller ni salir le pansement. Les gestes de force seront à éviter pendant environ 3 semaines.

  • infection : il s’agit d’une complication commune à toutes les chirurgies. Elle se déclare généralement dans les jours suivant l’opération. Les douleurs sont importantes et pulsatiles. La cicatrice est rouge avec un écoulement de pus. Il faut recontacter le chirurgien en urgence.

  • algodystrophie : rare (2 à 5%) mais préoccupante. Son évolution est très lente et dure plusieurs mois ou années. La main est globalement gonflée et douloureuse. Tous les doigts s’enraidissent. L’épaule peut aussi être touchée.

  • lésion du nerf radial : rare, souvent transitoire. Le nerf radial chemine le long de tunnel juste sous la peau. Il est possible d’avoir quelques troubles de la sensibilité (diminution de la sensibilité, fourmillements) sur le dos du pouce pendant quelques jours à quelques semaines post-opératoires.

  • instabilité des tendons extenseurs (court extenseur du pouce, long abducteur du pouce) : rare, une nouvelle intervention chirurgicale pourrait être indiquée.

Fiche infos

Dr Valérie MATTER-PARRAT

Chirurgien orthopédiste

main – poignet

Fiche infos

Illustrations originales : Dr Matter-Parrat
Infographies : L. Pinaud – IM2S
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