L’arthroscopie du poignet : qu’est-ce que c’est ?

L’étymologie du mot « arthroscopie » provient du grec ancien arthron : articulation et skopéô : observer.

L’arthroscopie est une technique chirurgicale, dérivée de l’endoscopie, utilisant une caméra pour observer l’intérieure d’une articulation par de petites cicatrices. Le chirurgien peut directement voir les différents composants d’une articulation : ligaments, cartilage, membrane synoviale, ménisque …

D’abord utilisée pour la chirurgie du genou et de l’épaule, l’arthroscopie s’est adaptée au poignet depuis la fin des années 70 où les premières arthroscopies du poignet ont été décrites. Depuis les années 90-2000, l’arthroscopie du poignet se démocratisent progressivement grâce à l’offre de formation qui se multiplient (diplôme inter-universitaires, formations pratiques, …) et à l’apparition d’instruments dédiés miniaturisés.

Grace à l’arthroscopie, le chirurgien est capable de voir des lésions articulaires mais va aussi pouvoir les réparer selon le type de lésion. Tous les actes chirurgicaux ne sont pas possibles sous arthroscopie. Le nombre d’indications est en progression depuis quelques années dont vous pouvez trouver une liste non exhaustive ci-dessous.

Avantages

  • Technique mini-invasive : il s’agit d’une technique ne nécessitant pas de grandes voies d’abord mais des petites cicatrices de quelques millimètres. Cela permet de limiter les traumatismes des tissus causés par les grandes incisions et d’améliorer la récupération post-opératoire.

  • Outil 2 en 1 : diagnostique et thérapeutique.

Inconvénients

  • Technicité, apprentissage.

  • Champ de vision restreint.

  • Matériel onéreux.

  • Risque d’irritation nerveuse (nerf cutanés), de lésion de vaisseaux et de tendons.

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Installation chirurgicale lors d’une arthroscopie du poignet :
Le chirurgien se place à la tête du patient. Le bras du patient est installé sur un système de traction pour distendre l’articulation afin de pouvoir y passer les instruments. La caméra (arthroscope) est introduite dans le poignet. Un écran placé face au chirurgien retransmet les images de l’arthroscope.
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Les Docteurs Lussiez et Matter-Parrat lors d’une procédure arthroscopique.
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Notez le système de traction : içi, une tour de Whipple.
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Visualisation du cartilage sain de l’os lunatum (en haut) et du cartilage lesé du radius (en bas)
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Visualisation du ligament triangulaire du carpe (tendu entre le radius et le cubitus) et sa lésion centrale montrée par le passage de l’instrument
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Visualisation de la synoviale articulaire qui est inflammatoire. L’instrument (le shaver) ronge la synoviale : il s’agit d’une synovectomie
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Visualisation de l’espace scapho-lunaire où l’instrument (le crochet palpeur) peut rentrer en cas de lésion
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Technique de suture arthroscopique
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Visualisation de l’os scaphoïde (en haut), d’un instrument (le shaver, en bas) et de la tête d’une vis débordant le cartilage et provoquant une inflammation dans le poignet.

Indications (liste non exhaustive)

  • Arthroscopie diagnostique :

    L’arthroscopie diagnostique a très peu de place depuis l’avènement des arthro-scanner et arthro-IRM. Lorsqu’il persiste un doute, souvent dans le cadre des lésions ligamentaires, un examen des ligaments peut etre réalisé sous arthroscopie.

    Toutefois, un bilan complet de l’articulation est toujours réalisé pour chacune des procédures arthroscopiques.

  • Synovectomie et prélèvements :

    Lorsqu’une inflammation ou une infection est suspectée, l’arthroscopie permet de réaliser des prélèvements de liquide articulaire et de membrane synoviale pour y faire des examens spécifiques (bactériologiques, anatomo-pathologiques). Dans le même temps, le nettoyage articulaire est réalisé (synovectomie).

  • Kyste arthro-synovial :

    Un kyste arthro-synovial est une petite poche de liquide articulaire qui se forme sous la peau et qui est en communication avec l’articulation. Le traitement du kyste est possible sous arthroscopie en retirant l’orifice d’entrée du kyste afin de permettre sa cicatrisation et d’éviter la récidive. La poche, quant à elle, ne peut être retirée car elle se situe à l’extérieur de l’articulation.

  • Fracture du radius distal, fracture du scaphoïde :

    L’arthroscopie peut être une aide technique pour les fractures touchant l’articulation. Elle permet de diagnostiquer des lésions ligamentaires associées, de nettoyer l’articulation et de vérifier le bon alignement (réduction) des fragments.

  • Pseudarthrose du scaphoïde :

    Dans certaines indications, le traitement des pseudarthroses (non-consolidation) du scaphoïde est possible grâce à l’arthroscopie.

  • Lésions ligamentaires du poignet :

    Le traitement des lésions ligamentaires du poignet est complexe (ligament scapho-lunaire, ligament triangulaire du carpe). En fonction du type de lésion, le traitement est possible sous arthroscopie : suture ligamentaire, réinsertion d’un ligament sur l’os, …

  • Arthrose et calcifications :

    Dans certains cas d’arthrose, il est possible de réaliser un traitement arthroscopique : nettoyage articulaire, résection de calcifications, résection de conflit osseux, …

Conclusion

En conclusion, l’arthroscopie est une avancée technique, bien que complexe, offrant de nombreuses possibilités diagnostiques et thérapeutiques. Cette technique est en constante évolution de par l’élargissement des indications, la création d’instruments miniaturisés dédiés à la chirurgie du poignet et les possibilités de formations théoriques et pratiques.

Fiche infos

Dr Valérie MATTER-PARRAT

Chirurgien orthopédiste

main – poignet

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