Resurfaçage de hanche en 2019

Conférence Médicale
du jeudi 28 février 2019

ZOOM sur la Prothèse totale de Hanche par Resurfaçage.

La Prothèse Totale de Hanche (PTH) existe depuis plus de 70 ans et a subi beaucoup de modification dans son évolution. Cette dernière n’a pas toujours été synonyme d’amélioration et certains concepts ont été abandonnés.

Depuis 20 ans il ressort à travers la presse scientifique que la PTH est bel et bien un produit abouti. Il existe toujours des changements infimes opérés sur des nouvelles prothèses mais que seul un avenir lointain nous en donnera le résultat.

Le but principal de la mise en place d’une PTH est de soulager le patient le plus longtemps possible ; autrement dit que la PTH fonctionne de manière optimale et reste fixée à l’os du patient durablement. Pour remplir ces objectifs, il faut que le chirurgien maitrise l’indication, la pose et le type de la PTH.

En 2018 95% des patients peuvent espérer que leur PTH dure au moins 10 ans et 70% au moins 20 ans.
La durée de vie d’une PTH est multifactorielle. Parmi ces facteurs, l’âge du patient auquel est posé la PTH semble important dans le sens ou plus le sujet est jeune plus la durée de vie de la PTH est courte. L’explication réside dans le niveau d’activité quotidienne et la pratique d’activité sportive qui est plus intense et fréquente dans cette catégorie d’âge. Comme une voiture, la PTH est un assemblage de pièce mécanique dont l’usure est proportionnelle à l’utilisation.

Dans le corps humain, la fin de vie d’une PTH nécessite le changement de celle ci. Cette fin de vie est le résultat soit d’un problème mécanique (déboitement ou luxation, usure importante ou fracture des pièces compromettant le bon fonctionnement), soit d’un problème inflammatoire (descellement des implants dans l’os du patient du la plupart du temps à une réaction biologique entre l’os et la prothèse du au débris d’usure macro ou microscopique et qui entraine une résorption lente de l’os autour des implants) et soit un problème infectieux (une PTH peut s’infecter et alors il est souvent nécessaire de nettoyer l’articulation et de changer la PTH). Ces 3 problèmes peuvent se rencontrer indépendamment ou être intriqués mais dans la grande majorité des patients c’est le processus de descellement qui est responsable de la fin de vie « naturelle » de la PTH.

Les problèmes mécaniques sont entre autres directement liés aux types de PTH.

En effet les matériaux utilisés et la géométrie du corps de la prothèse mais aussi de l’articulation (zone de mobilité entre la partie fémorale et pelvienne) de la PTH sont importants pour comprendre les paramètres de fonctionnement.
Parmi les différents modèles de PTH, le Resurfaçage de hanche (RH) semble prometteur.

La première raison tient dans sa description : un resurfaçage de hanche ne sacrifie pas le col et la tête du fémur, il la recouvre d’une calotte métallique de même diamètre. Le capital osseux est préservé, ce qui est important si un changement est envisagé plus tard contrairement aux autres prothèses.
La deuxième raison en découle : l’anatomie de l’articulation de la hanche dans son ensemble est conservée. Il ne nous viendrait pas à l’idée de changer une roue de voiture par une autre de rayon différent !
Le résultat est une biomécanique articulaire se rapprochant le plus de l’originale et donc une prothèse mieux adaptée aux activités exigeantes.
La troisième raison provient naturellement de cette mécanique optimale qui augmente la stabilité articulaire et donc diminue les luxations.
Il est vraisemblable que les caractéristiques du RH sont des arguments pour proposer cette PTH pour des sujets relativement jeunes et ou actifs.

Depuis 20 ans la dernière génération de RH est arrivé probablement à maturité comme semble le montrer les différentes études cliniques.
Non seulement les résultats satisfont les critères de la NHS anglaise (national health service) qui impose un taux de survie des PTH de 95% à 10 ans mais pour les sujets de moins de 50 ans les résultats affichent un taux de survie meilleur que pour les autres types de PTH.

Comme toutes les PTH, leur bon fonctionnement dépend du positionnement des implants. Vous pourriez disposer de la plus performante des roues de voiture si le montage n’est pas correct, la faillite mécanique est inéluctable.
En effet, le RH qui est une prothèse dont le couple de frottement est métal/métal (tête de fémur recouverte de métal qui s’articule dans une sphère creuse en métal), doit être implanter de façon à ce qu’il n’y ai pas de frottement anormal sinon des particules d’usure vont être produit en grand nombre. Ces dernières peuvent avoir un effet néfaste localement et dans l’organisme. Dans le cas contraire, les débris métalliques (ions chrome, cobalt et titan) produit en faible quantité diffusent dans le sang et sont évacués par le rein. A noter que les autres PTH mais aussi les prothèses d’autres articulations peuvent produire des débris métalliques selon des mécanismes différents.

Aussi le support, donc l’os du patient, doit être de bonne qualité car le fait de conserver le col et la tête du fémur dans le RH laisse persister la probabilité d’une fracture du col dont la fréquence est augmentée dans l’ostéoporose et les personnes âgées.
Il est donc important de comprendre que le RH est une PTH performante et durable pour le patient actif et sportif mais aussi que tous les patients ne sont pas éligibles à ce type d’implants. Nous éviterons donc de proposer le RH aux personnes âgées et/ou ostéoporotique, aux personnes allergiques aux métaux, aux femmes en âge de procréer, aux personnes insuffisantes rénales et aux patients dont la forme de la tête fémorale et/ou du cotyle ne peut être resurfacé selon des critères de sécurité mécanique optimales. La sélection déjà mise en place depuis plusieurs années et la bonne connaissance du RH par le chirurgien (accréditation) ont permis à cette PTH de lui redonner un certains crédit avec des résultats très prometteur.

Fiche infos

Dr Julien CAZAL

Chirurgien orthopédiste
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