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Que ce soit pour des motivations esthétiques ou des raisons de santé liées au surpoids et à l’obésité, la problématique de la perte de poids a conduit à l’émergence de nombreux régimes amaigrissants et déviances alimentaires. D’après le rapport (1) d’expertise de l’Anses (2) publié en novembre 2010, certaines pratiques ne sont pas sans conséquences sur le plan sanitaire et psychologique et se soldent par une reprise de poids à un an pour 80% des sujets.

Les régimes très hypocaloriques exercent des effets délétères sur le foie : inflammations et fibroses modérées, risque de calculs biliaires. Dans certains cas, ils peuvent être fatals (mort subite par troubles du rythme cardiaque).

Des apports glucidiques très faibles sont à l’origine d’adaptations métaboliques aux dépens des protéines musculaires (production hépatique de glucose). De plus, la faible consommation de produits céréaliers et de fruits induit un apport insuffisant en fibres (jusqu’à dix fois inférieurs aux recommandations) à l’origine de troubles digestifs transitoires. De façon répétée, un tel régime constitue un facteur de risque colorectal.

Les régimes hyperprotéinés non hypocaloriques atteignent jusqu’à deux à trois fois les apports nutritionnels conseillés en protéines. Par conséquent, un bilan rénal préalable se justifie chez les sujets à risques d’insuffisance rénale. Ces régimes apportent généralement un excès de sel, facteur d’élévation de la pression artérielle et de risque de maladies cardiovasculaires.

Les résultats d’études ne permettent pas encore de conclure quant aux effets des déficits et inadéquations d’apports en vitamines et minéraux observés dans la majorité des phases de régimes expertisés. Cependant, les régimes très hypocaloriques altèrent le statut en fer. Des apports insuffisants en micronutriments à effet antioxydant (vitamines C et E notamment) réduisent l’efficacité des défenses vis-à-vis du stress oxydatif.

Au-delà des conséquences liées aux déficits d’apports et/ou aux déséquilibres nutritionnels, la répétition de régimes amaigrissants même équilibrés diminue la masse maigre et altère le capital osseux (réduction de 1 à 2% de la densité minérale osseuse pour une perte de poids de 10% et augmentation du risque de fracture). La restriction cognitive induite, d’autant plus que la restriction calorique est importante et associée à l’éviction de certains aliments ou groupes d’aliments, favorise les troubles du comportement alimentaire.

Finalement, la stratégie à adopter pour perdre du poids et maintenir son poids de forme durablement dans le respect de sa santé consiste à induire un déficit calorique modéré tout en maintenant un régime équilibré, diversifié et adapté à chaque individu.

Les aliments « plaisirs » ne doivent pas être exclus mais gérés raisonnablement dans le cadre d’une alimentation santé. La pratique d’une activité physique régulière est essentielle pour limiter la perte de masse maigre. La prise en considération des habitudes et préférences du sujet conditionne l’adhésion au régime et son succès au long terme. La prudence est de mise quant à l’usage injustifié de compléments alimentaires aux allégations prometteuses dont l’efficacité et l’innocuité ne sont pas prouvées

  1. Rapport d’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement. Rapport d’expertise collective, novembre 2010. Téléchargeable sur www.anses.fr
  2. Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Fiche infos

Séverine OLIVIE

Diététicienne nutritionniste
Ingénieur de maîtrise en Ingénierie de la Santé
Diplôme de Recherche Technologique en Génie Alimentaire et Biologique
D.U. Nutrition de l’enfant et de l’adolescent
D.U. Nutrition du Sportif
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